La Fabrique des rêves sonores, l’Ircam, retrouve sa pleine visibilité sur le plateau Beaubourg avec ManiFeste. En 2022, l’Espace de projection, l’Espro, rouvre enfin ses portes au public. Retrouvailles ou découverte d’un lieu unique, modulable à souhait par sa scénographie et son acoustique variables. Lieu d’expériences et d’expression pour les artistes, les scientifiques et les publics, l’Espro résonne avec l’esprit du temps qui attire au cœur de Paris les musiciens et les acteurs du spectacle vivant, les artistes du multimédia et les chercheurs. Retour aux sources après huit années nomades, retour, mais par des chemins non balisés, lors d’un festival revivifié, en complicité avec le Centre Pompidou. La reconstitution du Polytope de Cluny de Iannis Xenakis, cinquante ans après sa création, et la conception d’un Polytope contemporain marquent cette renaissance. Xenakis aura été le nom d’une alliance rêvée entre science et art, savant et populaire, formalisation et expression la plus directe.
ManiFeste-2022, c’est la stimulation de l’imaginaire par l’intelligence artificielle et de l’orchestre par l’électronique (Orchestre de Paris, Philharmonique de Radio France, Orchestre national d’Île-de-France pour le Prix Élan) avec Misato Mochizuki, Jesper Nordin ou Marco Stroppa ; ManiFeste, c’est aussi la révolution d’Anton Webern en musique et la révolution d’Alan Turing en science. La trajectoire fulgurante et dramatique de ce visionnaire de l’informatique, défricheur du code et du vivant, inspire un cycle inédit de rencontres, les Fictions-Science, circulant de la puissance de la science et de l’art au pouvoir des technologies et des industries culturelles, du minoritaire au majoritaire, et retour. En 2022, ManiFeste fête les anniversaires de deux figures musicales éminentes, Kaija Saariaho et Philippe Manoury dont les solistes de l’Ensemble intercontemporain réinterprètent le cycle fondateur Sonus ex machina.
Mais le festival et l’Académie de l’Ircam se consacrent intensivement à la génération de Pierre Jodlowski et Alexander Schubert et aux signatures émergentes, là où se mêlent immersion et interaction, œuvres et dispositifs ; la technologie allée avec la mélancolie.
L’espace retrouvé pour l’électronique et pour une saison inédite, pour les concerts et la science participative, pour la commande et la force d’un répertoire « recommandé », un tel espace doit « émettre » résolument vers des publics diversifiés et très éloignés. Car il n’y a pas de mondes nouveaux sans la capacité à les habiter, ici et maintenant.
En ce sens, comme toute renaissance, celle-ci a le goût d’une première fois.
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